Jour 5

La mine d’argent d’Imiter se situe sur le flanc nord-ouest du Jbel Saghro, une des deux grandes structures volcaniques de l’Anti-Atlas, qui culmine à plus de 2000 m d’altitude (Berrahma et al., 1993). Les premières activités minières ayant eu lieu à cet endroit datent du VIIIe et du XIIe siècle. Ces exploitations se sont cependant arrêtées à une profondeur de 50 à 80 m en raison de problèmes d’infiltration d’eau, en étant sous le niveau piézométrique local. C’est en 1951 que le gisement a été redécouvert et que des travaux d’exploration ont été effectués par la Société minière de l’Atlas Marocain pendant 5 ans, sans succès. De 1959 à 1962, d’autres travaux réalisés par le Bureau de Recherche et de Participation minières se sont soldés de la même façon. Cependant, ceux-ci ont également mené des recherches sur des anciennes haldes présentes qui ont donné des résultats de 300 ppm d’argent pour 650 000 t. C’est à la suite de cette découverte que la Société métallurgique d’Imiter (SMI) a été créée dans le but d’exploiter ces haldes en 1969. Ce sont des études plus poussées et dirigées par cette entreprise qui ont permis de découvrir des concentrations suffisantes en argent sous terre et qui ont mené au début de l’exploitation souterraine en 1978. Depuis la mise en fonction de la mine, de nouvelles réserves ont été découvertes, ce qui fait en sorte que la production a grimpé à 250 000 t d’argent en 2010, ayant débuté aux alentours de 40 000 t par année. L’exploitation est réalisée à partir d’une carrière à ciel ouvert, depuis laquelle s’ouvrent plusieurs galeries (Gaouzi et al., 2011).

 

Contexte géologique
Le gisement visité est encaissé dans deux lithologies, soit des couches méta-sédimentaires du Néoprotérozoïque moyen ayant subi un métamorphisme faible ainsi qu’une séquence composée de roches volcano-sédimentaires et volcaniques du Néoprotérozoïque supérieur (Figure 1). Les métasédiments sont principalement composés d’une série gréso-pélitique recoupée par des intrusions granitiques. Ce groupe a subi une déformation lors de l’orogénèse panafricaine, caractérisée par un plissement d’axe E-W à ENE-WSW avec une schistosité dans l’orientation du plan axial (Ouguir et al., 1994). La deuxième lithologie est composée de conglomérats à sa base, qui sont surmontés d’une séquence volcanique composée essentiellement de rhyolites, d’andésites et de pyroclastites (Ouiguir, 1997). Ce groupe est caractérisé par deux épisodes de déformation. Le premier est une déformation dextre le long de failles EW et ENE en compression, alors que le deuxième épisode a fait rejouer les mêmes failles, mais cette fois-ci en extension.

 

Minéralisation
Les corps minéralisés de la mine d’argent d’Imiter sont divisés en trois types, qui présentent chacun des textures rubanées ou bréchiques et qui sont tous cimentés par une gangue de quartz et de carbonates. D’abord, il est possible de retrouver des amas minéralisés subhorizontaux qui se concentrent au contact des formations du socle avec les roches volcano-sédimentaires sus-jacentes. Ensuite, il y a des filons à pendage nord qui présentent des teneurs élevées et qui sont encaissés dans des pélites. Finalement, la minéralisation est aussi présente sous la forme de filons à pendages sud, qui présentent des teneurs plus faibles, mais qui ont une étendue plus grande (Gaouzi et al., 2011).


Minéralogie
Il est possible de diviser la minéralogie du secteur en deux stades. Le premier stade présente une minéralogie principalement composée d’amalgames d’argent, d’argentite, de polybasite, de pearceite, de cuivre gris, d’argent rouge, d’imiterite, d’acanthite, d’arsénopyrite et de galène (Figure 2). La gangue de ce stade se compose principalement de quartz avec de l’adulaire et de la séricite. Le deuxième stade présente un assemblage minéralogique caractérisé par des amalgames d’argent, d’acanthite, de cuivre gris, de galène, de sphalérite, de pyrite, de chalcopyrite et d’arsénopyrite, tandis que sa gangue est composée de carbonates (Gaouzi et al., 2011).